N° 0 de la revue Spiridon. C'est le premier magazine de running francophone dans le monde. Il a eu un retentissement incroyable en Europe et aux USA. Spiridon a ouvert la voie à des milliers de coureurs. Les articles traitaient de course libre, pour tous.

Spiridon n°0 - février 1972

"Avril 1896. Les premiers Jeux olympiques modernes vont s'achever. 25 athlètes se sont rassemblés à Marathon..."
MARATHON, c'est un petit village aux jolies maisons blanches, serrées autour de l'église. Erigé sur la place publique, un monument  parle de ceux qui sont tombés au cours de la guerre.
En aval, une vaste plaine couverte d'oliviers et d'orangers. C'est là que, selon la mythologie, vivait un taureau furieux, le monstre tué par le héros Thésée. Et dans la plaine, il y a ce tumulus élevé à la mémoire des 192 Athéniens (ironie du sort : le casque de Miltiade, leur chef, est exposé au musée...d'Olympie) qui périrent là vers 490 avant Jésus-Christ.
 
"Les coureurs sont au départ. Des Grecs pour la plupart, mais aussi l'Américain Blake, l'Australien Flack et le Français Lermusiaux. Les Grecs sont animés d'une implacable volonté de vaincre. De vaincre pour ''sauver l'honneur de la patrie".
"Les concurrents sont accompagnés de cavaliers chargés de contrôler la régularité de l'épreuve. Flack, Lermusiaux et Blake mènent tour à tour. Pas de Grec en tête ? La nervosité croît parmi les 70 000 spectateurs qui emplissent le stade..."
 
C'est l'ancien stade panathénaïque, dessiné par Lycurgue en 350 avant Jésus Christ et pour la circonstance reconstruit en 18 mois. Tout est en magnifique marbre du Pentélique, cette colline blanche qui domine la plaine de Marathon.  "Les premiers Jeux olympiques de l'ère moderne vont s'achever. Pas la moindre victoire grecque !..."
"Mais l'on apprend que Blake a abandonné dans la plaine de Spata. Que Lermusiaux, puis Flack ont également renoncé. Un Grec serait même en tête, le grand et mince SPIRIDON LOUIS".
 
Pour les uns, Louis était berger ; pour les autres, il aurait occupé un emploi de facteur intérimaire pour mieux se préparer à cette course. Quoi qu'il en soit, tout à fait inconnu au départ, SPIRIDON devenait héros national en moins de trois heures (exactement 2 h. 58' 50").
 
"IL ARRIVE..." La foule s'est dressée d'un seul mouvement, dans un tonnerre d'acclamations". "Le prince héritier et son frère se précipitent vers lui", le saisissent et le hissent jusqu'aux degrés de marbre, où se tient le roi, pâle d'émotion "·
Tous les Grecs veulent fêter SPIRIDON. Un hôtelier lui signe sur-le-champ des bons de repas pour tous les jours de chacune des dix années à venir... "Dix-sept coureurs parvinrent au but, sept Grecs parmi les huit premiers. Personne n'était mort, on recommencerait quatre ans plus tard, à Paris au stade de la Croix-Catelan ».
(d'après les journaux de l'époque)