Histoire - Spiridon, depuis 1972
UNE REVUE CULTE
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SPIRIDON LOUIS
Modeste coureur grec venu de nulle part, sans avenir notable, devenu à la surprise générale, champion olympique du marathon des premiers JO de l’ère moderne. Athènes, 1896.
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SPIRIDON, REVUE INTERNATIONALE DE COURSE A PIED (1972-1989)
Ce n’est pas un hasard en effet si ses fondateurs ont choisit de nommer SPIRIDON leur revue de course à pied, dont le premier numéro parait en avril 1972. Dès l’origine, ils imaginent leur magazine comme une tribune pour célébrer TOUS les coureurs. Pas seulement les champions ; mais aussi les dilettantes, les hommes, les femmes, les jeunes, les anciens qu’ils encouragent à courir librement dans "une atmosphère de récréation, de convivialité et d’humanité qu’on ne trouvait pas dans l’athlétisme traditionnel".
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LES COURSES LIBRES
A l’époque, la course de fond est réservée à une élite masculine, celle des stades et des ligues d’athlétisme. Elle est synonyme de souffrance, de performance, de compétition. On ne court pas pour le plaisir. On court pour gagner. Les femmes sont reléguées aux courtes distances. Pas plus de 800 m en compétition. Les jeunes et les seniors sont mis de côté, jugés pas assez performants. Les entraîneurs ne veulent que de la graine de champion.
Hors des stades, les courses sont quasi inexistantes. En France, pratiquement rien ne se fait en dehors de la Fédération d’athlétisme.
Spiridon contribuera à changer la donne en organisant (et soutenant) les premières "courses libres". Ainsi, la revue participe à la naissance, en 1974, de l’une des premières courses de montagne, devenue mythique pour les trailers, "Sierre-Zinal" (la Course des Cinq 4000).
Elle est aussi présente au côté de Jean-Claude Moulin lorsqu’il lance, en 1973, "Marvejols-Mende", en dépit des menaces de sanctions promises par les autorités de tutelle de l’athlétisme. L’événement accueille champions et anonymes, licenciés et amateurs, pistards et routiers, hommes et femmes, jeunes et vieux dans une ambiance de fête jusque là jamais vue.
L’autre devise du mouvement Spiridon, qui prône le plaisir dans l’effort, est : "la perf d’accord, la fête d’abord". C’est une révolution. L’esprit Spiridon est né.
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L’ESPRIT SPIRIDON
Partout en France, mais aussi en Suisse, en Italie, en Allemagne, au Québec, des coureurs arborent désormais, en signe d’appartenance au mouvement, le T-shirt orange floqué du petit bonhomme aux pieds nus dessiné par Karel Matejovsky avec ce slogan : "Courez tous avec nous !"
Ce que certains ont appelé “le phénomène Spiridon“ tire une grande part de sa substance des barrières abattues. Spiridon a contribué à révolutionner le monde de la course à pied en défendant la course libre et la course plaisir mais aussi en se battant pour la course pour toutes.
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LA COURSE POUR TOUTES
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LA RÉAPPROPRIATION DE LA NATURE
En prônant la course hors stade, Spiridon revendique aussi un retour à la nature. La revue encourage les coureurs à se réapproprier leur milieu naturel. Un parallèle est fait entre la sobriété des lieux de pratique (chemin de terre) et le dépouillement de la tenue (un short, une paire de chaussures, un tee-shirt). L’effort est d’autant plus sain que la pratique a comme cadre la nature.
"L’esprit Spiridon" tient enfin à la personnalité et à la plume, brillante, des contributeurs de la revue qui ont insufflé à leur mouvement de la poésie et de l’esprit. En promouvant une vision saine, libre et naturelle de la course, ils ont inventé une nouvelle philosophie et contribué à une véritable révolution, autant sportive et culturelle.
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Liberté, générosité, plaisir, inclusion, respect des hommes et de la nature. Telles sont les valeurs "spiridoniennes". Des valeurs, qui nous sont chères en tant qu’être humain et coureur et que nous pensons, plus que jamais, importantes de défendre aujourd’hui.