Katherine Switzer, première femme inscrite officiellement au Marathon de Boston en 1967, est agressée par un officiel tentant de l’expulser. La scène symbolise la lutte pour l’égalité des sexes dans le sport.

Boston : plus qu’un marathon

Boston, le berceau du mythe 

Le Marathon de Boston est le plus ancien marathon du monde, né en 1897, un an après les Jeux olympiques d’Athènes. Il devient rapidement une référence avec un parcours et une ambiance unique.

Mais pendant des décennies, les femmes y sont interdites. Leur exclusion est justifiée par des arguments médicaux absurdes : trop faibles, trop fragiles. Pourtant, elles sont là, dans l’ombre… 

Le souffle de la course libre et du combat féminin

C’est au cœur de ces années que Boston entre dans la légende avec le combat des pionnières. En 1966, Bobbi Gibb court le marathon officieusement car les femmes n'ont toujours pas le droit de s'inscrire. En 1967, Kathrine Switzer s’inscrit sous ses initiales (K.V. Switzer) et devient la première femme "officiellement" engagée… avant que le directeur de course, Will Cloney, ne tente de l’expulser en pleine course. Les images firent le tour du monde et sont encore dans l'inconscient collectif aujourd'hui. On y a le droit tous les ans lors de la journée de la femme du 8 mars sur tous les réseaux sociaux. C'est la référence.

Archives décembre 1972 de la revue Spiridon :

« Impossible pour une femme ! » qu’il me répondit. Le défi était lancé.

Cinq mois plus tard, je me sentais prête pour le marathon de Boston. A l’entraînement, j’avais d’ailleurs couru à deux reprises 42 km. Il y avait alors un an que je courais régulièrement.
Je me présente au départ avec Arnie et mon boy-friend. Cette année-là, en 1967, il était tombé de la pluie et de la neige tôt le matin de la course. J’étais tellement emmitouflée que je pouvais assez facilement passer inaperçue. Je m’étais inscrite sous le nom de « K. Switzer », j’avais apporté un certificat médical délivré à l’université. A cette époque là on n’avait pas encore fixé un temps limite. C’est ainsi qu’au milieu d’environ 1000 coureurs aucun officiel ne se doutait qu’il y avait une femme.
Mais en cours de route, un reporter en voiture découvre « la femme » ! Averti, un officiel se met à ma poursuite, essayant d’arracher mon dossard. Mon coach vient à mon secours, l’officiel insiste, mon boy-friend le repousse, le gars tombe… et le reporter photographie toute la scène. J’ai terminé l’épreuve en 4 h. 20, laissant derrière moi environ 300 coureurs. J’étais très très fatiguée,

… mais tellement heureuse !

Ce moment photographié, fait le tour du monde. Il deviendra un symbole. Boston devient malgré elle, une scène de résistance. Et c’est aussi à cette époque que le mouvement Spiridon, fondé par Noël Tamini et Yves Jeannotat  relaie le combat pour l’inclusion et la liberté de courir. Le marathon devient alors le théâtre d’une transformation mondiale du sport : plus libre, plus égalitaire, plus inclusive.

Aujourd’hui : l’âme du marathon moderne

Le Marathon de Boston, c’est désormais bien plus qu’une course : c’est une institution, un Graal. Sélectif (on y entre sur temps), exigeant (avec la célèbre montée de Heartbreak Hill), mais porteur de valeurs fortes.
Il incarne le dépassement de soi, l’héritage des pionniers, l’égalité retrouvée. Il accueille aujourd’hui des milliers de femmes, des vétérans, des coureurs handisport, et reste profondément marqué par son histoire — notamment depuis l’attentat tragique de 2013, auquel le monde entier a répondu par un message de solidarité massif : Boston Strong.

Chaque année, ce marathon trace un lien entre tradition et modernité. Et dans chaque foulée, on retrouve l’esprit Spiridon : courir pour vivre libre.