
Pionnière de la course féminine : La Française Lucie Bréard
"La course à pied féminine n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était. « Autorisées » à courir le 800 m aux Jeux de 1960, puis le 1500 m aux Jeux de 1968, les femmes viennent de pouvoir disputer coup sur coup le championnat européen puis le championnat mondial de marathon. En attendant leur premier marathon olympique, il vaut la peine de jeter un coup d'œil en arrière.
Mais non pas pour évoquer ce que chacun sait désormais : le marathon de Boston et Kathy Switzer en 1967, les clandestines de Morat-Fribourg (où l'on retrouve Kathy Switzer !), l'influence du Dr van Aaken, les pionnières comme l'Australienne Beames, les Américaines Gibbs, Kuscsik, Boitano, Ullyot, l'Italienne Pigni, l'Allemande Vahlensieck, la Hongroise Monspart, ou encore les Françaises Baudein, Scharff, Schoving, Seigneuric, Langlacé, Loir... et toutes celles qui suivirent.
Mais si l'on regarde plus loin, avant même le 800 m de Rome, que trouve-t-on ? Tout juste ce 800 m des Jeux de 1928 où, mal entraînées, plusieurs femmes s'écroulèrent sitôt la ligne d’arrivée franchie, ce que monta en épingle la presse mondiale.
L'un de nos lecteurs, Jacques Carmelli, statisticien passionné, a pris la peine de remonter plus haut encore, découvrant que l'une des plus grandes pionnières de la course à pied féminine est une Française : Lucie Bréard. Elle vit aujourd’hui du côté de Toulon, où Carmelli l'a rencontrée.
Pour 1920 comme pour 1924, on avait refusé de les inviter à participer aux Jeux olympiques. Devant cette obstination, les dirigeants de la F.S.F.J. (Fédération sportive féminine internationale) décidèrent d'organiser des Jeux mondiaux féminins. Après la frustration des Jeux d'Anvers, une rencontre mondiale féminine s'était tenue à Monaco en 1921. Cette fois-ci, ces Jeux eurent lieu à Paris.
Le 20 août 1922, 20 000 spectateurs se pressèrent au stade Pershing (dont la piste mesurait 500,30 m de pourtour), et cela malgré la concurrence sévère de la traversée de Paris à la nage. Lors de la cérémonie d'ouverture, Mme Paulette DeCroze demanda, au nom de la Fédération féminine de France, l'autorisation « d'ouvrir à Paris la première Olympiade féminine du monde ». Le président répondit en proclamant « ouverts les Jeux olympiques féminins de Paris ».
Les compétitions se déroulèrent sous le contrôle d'Émile Anthoine, juge-arbitre et chef du jury. L'organisation fut jugée « parfaite, sans secours étranger ». Seul inconvénient : il y avait trop d'officiels sur le stade (une trentaine).
Les performances furent remarquables : les records du monde officiels tombèrent l'un après l'autre, grâce aux athlètes américaines, anglaises, tchèques et suisses. Mais la journée avançait, et toujours pas de victoire française...
Vint la dernière épreuve, le 1000 m. Nos chances étaient bonnes : Georgette Lenoir semblait en forme, mais Lucie Bréard, championne de France et donc qualifiée d'office, n'avait plus été vue à l'entraînement à son club depuis trois mois."
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Lucie Bréard, une grande dame de l'athlétisme.