Rencontre avec Gaëlle Berlioz
Rencontre avec Gaëlle Berlioz
Directrice Artistique, spécialiste de mode outdoor et yogiste.
Gaëlle vit à Chambéry. Elle nous raconte l’origine de sa passion pour la mode outdoor, son mode de vie green et comment elle conçoit son métier dans une industrie textile en mutation.
D’où vient ton intérêt pour la mode outdoor ?
Je viens d’une famille qui a toujours fait beaucoup de sport. Mes parents n’étaient pas des champions de haut de niveau, mais des touche-à-tout, qui pratiquaient l’escalade, le ski de fond, la randonnée glacière... Le sport a toujours été ancré dans la culture familiale. À Noël, par exemple, nous recevions du matériel sportif ! La veste de ski dernier cri était le cadeau ultime, mais ça pouvait être aussi une combinaison de surf, une paire de chaussures de rando. Bref, il n’y avait sous le sapin que les derniers vêtements techniques qui venaient de sortir. Sans aucun doute, ma culture pour la mode outdoor vient de là. Et c’est naturellement, comme j’adorais aussi dessiner, que j’ai décidé d’en faire mon métier en devenant directrice artistique. Après des études d’art appliqué, de stylisme et de graphisme, je suis rentrée dans un bureau de tendance, Promostyl, pour travailler sur les tendances sport. J’y ai passé 8 ans. Ce furent de très belles années. J’ai eu l’opportunité de travailler avec de superbes marques. Jusqu’au jour où ma conscience écolo m’a rattrapée… et que j’ai décidé de tout arrêter !
Que reprochais-tu au milieu de la mode ?
Produire pour produire, toujours plus. J’ai eu un ras le bol de cette industrie, qui est l’une des plus polluantes de la planète. J’avais un sentiment de gâchis. Je ne m’y retrouvais plus.
Et pourtant tu y es revenue ?
Oui mais différemment ! Aujourd’hui je travaille avec des marques qui partagent mes valeurs et qui veulent faire bouger les lignes en étant plus responsables et plus humaines, comme Spiridon. Ma mission au quotidien désormais, c’est de répondre à cette question : comment continuer à produire de manière propre sans puiser dans nos ressources ? C’est passionnant. Pour moi, on ne peut pas faire de l’outdoor sans être concerné par les questions environnementales. On ne peut pas polluer son propre terrain de jeu.
En quoi consiste précisément ta mission pour Spiridon ?
Mon rôle est de trouver les bonnes directions styles, le bon sourcing matière, les bonnes équipes de production au regard des valeurs humaines et écologiques de Spiridon. En ce moment, je suis dans la recherche de nouvelles fibres plus durables ; je source des textiles recyclés, recyclables et même compostables et qui soient en même temps d’une haute qualité technique. C’est hyper challenging et très excitant de se dire qu’on participe à un changement de paradigme dans la manière de produire. Et c’est formidable de le faire pour Spiridon qui a déjà un très bel univers, une identité forte, un engagement historique pour les femmes, pour la diversité… Tout cela a tellement de sens ! Et je suis convaincue qu’on n’est qu’au tout début de l’aventure. On va faire de grandes choses très engagées écologiquement et humainement pour Spiridon
L’environnement, c’est un sujet qui te préoccupe depuis longtemps ?
Depuis toujours ! De par mon éducation d’abord. J’ai grandi et je vis à en Savoie. Quand on a un tel terrain de jeu à disposition, on a envie de le protéger. En tout cas, c’est comme cela que j’ai été élevée par mes parents et même mes grands-parents. Quand j’étais enfant et que je partais en trek, mon père m’apprenait à ne rien laisser de notre passage, il m’enseignait l’observation de la nature, la nécessité de la respecter et de la protéger. Dans ma vie quotidienne, je suis assez intransigeante sur la question ! Je n’achète jamais de bouteilles en plastique - j’ai toujours ma gourde - je refuse les capsules de café, j’essaie de tendre vers le zéro déchet…. Alors forcément je veux travailler avec des gens qui partagent cette vision.
De par ton expérience, tu as une très grande connaissance des marques. Quelles sont celles qui t’inspirent ?
Mon modèle reste Patagonia. Je pense qu’Yvon Chouinard, son fondateur, était vraiment un visionnaire, un précurseur. Non seulement dans son approche « écolo » de l’outdoor mais aussi dans sa vision des rapports humains. Son livre Let my people go surfing, qui expliquait la confiance qu’il avait en son équipe, est magique. De nombreuses boites mériteraient de s’en inspirer aujourd’hui ! Pour moi les valeurs humaines sont aussi importantes que les valeurs environnementales. Et c’est aussi pour ça que j’ai rejoint Spiridon.
Le sport, ses vêtements et son histoire te passionnent. Et toi, es-tu sportive ?
Je pratique le Yoga Ashtanga. J’ai fait une retraite en Inde pour passer mon diplôme d'Ashtanga, après mon départ de Promostyl. Finalement ma rencontre avec Spiridon m’a fait revenir à la mode, mais je continue de pratiquer quotidiennement et ça m’aide énormément dans ma vie de tous les jours, tant familiale (j’ai des jumelles de 2 ans) que professionnelle. J’en tire une force incroyable. Grâce au yoga, je connais mes limites, je sais comment m’endormir (rire), je sais comment calmer mon mental, je sais écouter mon corps. C’est précieux !
Pour le reste, je suis une touche-à-tout ! Comme j’adore la nature, je pratique plein d’activités en extérieur comme la rando, l’escalade, le stand up paddle, le ski de randonnée… Mais je ne fais pas de compétition, je ne cherche aucune performance. Je fais du sport juste pour le plaisir, comme les Spiridoniens ! J’aime d’ailleurs beaucoup cette idée de plaisir dans la philosophie Spiridon. Je m’y retrouve parfaitement.