Pour les amateurs de running, Spiridon c’est la quintessence de l’esprit libertaire qu’offre cette discipline sportive. Née dans les années 1970 sous la forme d’un magazine et l’impulsion du Suisse Noël Tamini, cette marque renaît grâce à la ténacité de Franck Tuil. Cet entrepreneur français dont le parcours professionnel l’a fait passer par le divertissement (Warner), la mode (Comme des Garçons) et le digital (Alchimie) relance une ligne de vêtements directement inspirés par les graphismes de l’époque.
« En 2016, j’ai vu le documentaire “Free to Run” et comme beaucoup, j’ai été marqué par le rôle clé de Spiridon dans l’évolution du running, raconte Franck Tuil. A l’époque, je ne me retrouvais pas dans les marques qui se positionnaient sur cette discipline, et dès que j’ai eu du temps, je me suis lancé dans le projet de faire renaître cette marque. » Lorsqu’il commence à plancher sur le sujet, il décide d’abord de mener la logique écologique jusqu’au bout. L’ensemble des vêtements créés, « lifestyles » ou « techniques », seront confectionnés en Europe. « Nous allons jusqu’à utiliser du fil fabriqué dans le nord de l’Italie et issu du recyclage des bouteilles en plastique, précise l’entrepreneur. Tout notre process doit être transparent, c’est d’ailleurs l’un des arguments qui a convaincu Noël Tamini pour nous autoriser à utiliser la marque. »
Pour commencer, Spiridon travaille sur une trentaine de références (tee-shirts, sweat-shirts...) dont huit sont déjà en précommande. La jeune pousse privilégie le canal de vente en direct, selon le mode désormais bien balisé des marques nées sur Internet (« digital native vertical brand »). Mais elle distribue tout de même quelques pièces au compte-gouttes dans une dizaine de concept-stores, sans vouloir en faire un mode de distribution plus important à l’avenir.
Pour se lancer, la start-up s’appuie sur bpifrance (50.000 euros de prêt) et des business angels, dont Catherine Barba, pour 75.000 euros, et estime pouvoir encore en réunir 100.000 dans les tout prochains mois, précise Franck Tuil. « Ce mode de financement est classique pour démarrer une entreprise comme la nôtre, et j’envisage une ouverture du capital en 2021. Mais pour le moment, cela nous suffit pour lancer la première collection dont les premières pièces devraient être livrées en novembre prochain. »
Pour le moment, Spiridon joue sur la rareté et prévient déjà que certains articles ne seront disponibles qu’à hauteur de 200 exemplaires. Un moyen aussi de maîtriser son besoin en fonds de roulement qui peut être critique sur ce secteur. Et de tester l’appétence des 25 millions de Français qui sortent courir au moins une fois par mois. — G. B.
Par La rédaction| Publié le 25/08/2020
Créée en 1972 par un traducteur et un prof de français piqués de course à pied, la marque Spiridon vécue sous la forme d’un magazine international publié six fois par an jusqu’en 1989 (111 numéros), ainsi qu’au travers d’une collection d’articles de sport, dont un fameux maillot orange arborant le petit bonhomme aux pieds nus créé par un le styliste Karel Matejovsky.
Inspirée du nom du premier champion olympique de marathon en 1986 – le Grec Spyridon Louis – la marque a incarné la démocratisation de la course à pied en défendant le concept de la course à pied en liberté, derrière un slogan : « Courez tous avec nous ». Le droit des femmes à courir les mêmes distances que les hommes a été l’un des plus grands combats mené par la revue.
Cette aventure sportive et culturelle a été retracée en 2016 dans le film « Free to run » réalisé par Pierre Morath. «C’est après avoir vu ce film que que je me suis dis : « Si je veux faire quelque chose qui a du sens, alors je relance une marque Spiridon » », explique Franck Tuil, entrepreneur et runner passionné. Promesse personnelle tenue puisque cet homme qui a travaillé dans la mode et l’entertainment permet à la marque de renaître en France en septembre 2020.
Après avoir racheté les droits d’exploitation de Spiridon aux ayant-droits et embarqué Karel Matejovsky dans cette nouvelle aventure, Franck Tuil a piloté la première collection « Archive » de Spiridon, aujourd’hui commercialisée en ligne sur un site dédié. Cette nouvelle collection rend hommage aux pionniers du mouvement Spiridon et à tous les « spiridoniens » des années 1970-1980. La volonté est de promouvoir une mode technique et sportswear juste, durable et eco-responsable. « Nos collections sont des "éditions limitées". Nous produisons en petites séries pour lutter contre la surproduction, éviter les surstocks et le gaspillage. Nos prix sont fixés, au plus juste, en fonction de nos coûts de production Une posture indispensable dans l’esprit si particulier à Spiridon », conclut Franck Tuil.
]]>Odile Mopin | jeudi 23 juillet 2020
Il y a un petit côté libertaire réjouissant Spiridon. Une liberté de penser, un esprit de partage, de solidarité, nés du tréfonds des années soixante-dix. La jeune start-up Spiridon, lancée par Franck Tuil avec une équipe joyeusement variée de graphistes, marathoniens, communicants ... mixant les compétences, vient d’ouvrir son e-store. Il propose des maillots, tee-shirts et joggings pour la course éco-responsable, made in France et en Europe (conception entre Paris et Annecy, fabrication au Portugal) et puisés dans les archives de la riche histoire de Spiridon : pour les béotiens, le nom de modeste berger grec vainqueur du premier marathon des JO de l’ère moderne, a inspiré une revue mythique sur la course à pied, fondée en 1972 par le coureur Noël Tamini. Le site, très didactique, est d’ailleurs une mine pour les passionnés de course, jusqu’à la rubrique livre, musique et film proposée.
Il imagine, en précurseur, son magazine comme une tribune pour célébrer tous les coureurs, champions comme dilettantes, hommes, femmes, jeunes, anciens qu’il encourage à courir librement dans "une atmosphère de récréation, de convivialité et d’humanité qu’on ne trouvait pas dans l’athlétisme traditionnel". Une vraie communauté comme on l’entend aujourd’hui, mais avant l’heure. Inclusif, il intègre les femmes qui étaient à l’époque quasi ignorées de l’univers de la course, et les seniors. Dès 1972, d’ailleurs, la revue s’engage au côté de Kathrine Switzer, héroïne de la cause féministe aux Etats-Unis et l’invite même à participer clandestinement à la course Morat-Fribourg. Le droit des femmes à courir les mêmes distances que les hommes sera l’un des plus grands combats menés par la revue. Combat gagné en France en 1980, lorsque que les Femmes seront enfin autorisées à participer à des courses de plus de 5 000 mètres. En France, pratiquement rien ne se fait en dehors de la Fédération d’athlétisme. Spiridon contribuera à changer la donne en organisant les premières "courses libres". Le plaisir est une valeur de Spiridon :"la perf d’accord, la fête d’abord", telle est sa devise. C’est tout l’esprit Spiridon qui essaimera dans le monde entier chez les passionnés de course et donnera naissance à des produits dérivés, tel un maillot orange floqué d’un petit bonhomme aux pieds nus dessiné par Karel Matejovsky avec ce slogan « Courez avec nous ! ». Iconique.C’est cet ensemble de valeurs, le plaisir, le partage, l’inclusivité, la liberté, la nature, qui a séduit Franck Tuil, passionné de course et son équipe. L’homme qui vient du monde de la mode et de la musique, a notamment travaillé chez Comme des Garçons, et chez de grands labels. Il pense depuis quelque temps déjà à fonder sa marque de mode. En 2016, le film de « Free to run », de Pierre Morath, agit comme un électrochoc. « Si je veux faire quelque chose qui a du sens, alors je relance une marque Spiridon », se dit-il. Donc acte. Franck Tuil décroche la licence d’exploitation auprès des ayants droits et reprend contact avec le graphiste d’origine, Karel Matejovsky, resté proche de la communauté des coureurs. Il s’entoure d’un modéliste, d’un directeur artistique, finance lui-même son projet avec le soutien de quelques business angels.
La première collection, Archive, rend logiquement hommage aux pionniers du mouvement Spiridon et à tous les « spiridoniens » des années 1970-1980 qui ont fait souffler un vent de liberté sur la course à pied. Un socle de marque retrouvé. Les graphismes et illustrations qui ornent tee-shirts et sweat-shirts sont donc les créations originales du graphiste historique de la revue Spiridon. Bien sûr en cohérence avec l’esprit « course tout terrain » dans la nature, Spiridon est 100 pour cent durable, jusqu’aux étiquettes et emballages, se déclinant en deux lignes : sportswear en coton biologique et gamme technique en polyester recyclé, le tout pour femme, homme et enfant. Anthologie, la collection à suivre, s’inscrit dans la continuité, avec de nouveaux graphismes.« Des vêtements, conçus pour durer, qui ont du sens et invitent à mieux consommer, puisque nous produisons en petite quantité. Les collections sont des éditions limitées, pour lutter contre la surproduction et le gaspillage. C’était indispensable dans l’élaboration de mon projet, en plus de l’esprit si particulier à Spiridon », conclut Franck Tuil.
Crédit: Spiridon
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